bolvariart
Artiste peintre/sculpteur Gabrielle Bolvari-Bergeron

ÉCHANGES AVEC GABRIELLE BOLVARI-BERGERON

Le 27 septembre dernier avait lieu l’Expo Visiophone au Théâtre Paradoxe. Dans cette ancienne église du quartier Ville-Émard se sont regroupés une dizaine d’artistes où peinture, musique et danse se sont amalgamées sous une même coupole pour décomposer leur art au grand public. Organisée dans le cadre des Journées de la culture, je m’y suis donc rendue afin d’encourager une artiste dont le travail m’inspire passion et lumière.

Julie Arbour, intervieweuse impromptue
ninjaimpromptue@gmail.com

“Vivre une expérience, vivre l’art, c’est se laisser absorber par l’expérience ressentie par une proposition visuelle, se sentir voyager intérieurement, vivre une certaine curiosité face à la création, se questionner, remettre en question. C’est une expérience individuelle et très subjective.” Gabi

ÉCHANGES AVEC GABRIELLE BOLVARI-BERGERON
LE TEMPS D’EXPOSER

Pourquoi as-tu accepté de faire partie de cette expo?

D’abord parce que j’ai été invité à me joindre au groupe de peintre que Patrick Larrivée, aussi artiste, était en train de créer. Le concept de la journée était dynamique de par sa variété d’arts présentés en direct (musicien, danseur, peintre), ce qui me plaît toujours beaucoup lorsque je dois rester longtemps à une même place.

Mais le concept n’est pas une première pour moi. J’ai déjà fait des solos, dont un à la Sala Rossa. C’était dans le même genre, dynamique. Une professeure de danse, Christine Maltais, était venue pour donner un cours gratuit d’initiation à la danse salsa, il y avait aussi un DJ de salsa, DeSerres avait commandité mes chevalets, tous mes tableaux y étaient exposés, trois ou quatre orchestres étaient venus se produire, je projetais mon parcours en vidéo, etc. Les visiteurs bénéficiaient aussi d’une entrée gratuite et la possibilité d’acheter une œuvre BolvariArt. Pour l’Expo Visiophone, je m’y retrouvais donc beaucoup dans ce concept qui m’avait été proposé.

Le lieu de l’Expo m’a aussi beaucoup interpellé. Le Théâtre Paradoxe, une ancienne église, a une architecture remplie d’histoire et de souvenirs. À mes yeux, c’est un endroit peu commun pour mes expositions jusqu’à présent. Je trouvais donc enrichissant pour mon parcours professionnel de me joindre au groupe.

J’ai beaucoup apprécié le fait que les arts soient diversifiés tout au long de la journée. Je suis du genre à trouver plates les vernissages trop formels!

Le choix de me joindre au collectif est aussi une nouveauté que je remets de plus en plus en perspective. J’ai beaucoup travaillé en solo pour mes expositions (entre 2008 et 2015). C’est donc un nouveau défi de gestion. Mais aussi très plaisant de pouvoir connecter avec des pairs qui parlent la même langue que moi. Ça fait du bien de temps en temps de se retrouver dans un environnement qui correspond à son essence. J’aimerais juste ajouter à cela que chaque discipline artistique a son type d’artiste, ce qui à mes yeux, rend magique la synergie de la rencontre de différents arts dans le même espace-temps. Et c’est ce que l’Expo Visiophone proposait.

Ce que j’ai apprécié aujourd’hui était l’ambiance entre les peintres. Je n’ai pas ressenti d’adversité. Lors de la promotion de l’événement, Patrick Larrivée, l’organisateur, nous a tous donné une valorisation au quotidien en tant qu’artiste exposant. J’ai senti que nous étions tous à notre place, ensemble.

Habituellement, ça se passe comment?

Ça se passe bien, mais je prends de plus en plus conscience que nous voulons tous vendre lors de ces événements. À priori, c’est un aspect de la création dont je ne tiens pas compte. Je me sens alors parfois en dualité dans ce genre de contexte puisque je ne vois pas la création que je réalise comme une valeur marchande. Plutôt comme un moment culturel à partager, une connaissance visuelle acquise, une expérience à vivre. Presque comme simplement respirer. En fin de compte il y a une valeur qui s’impose en évaluant simplement le coût des matériaux et le temps investi. Pour cette raison, la rentabilité sous toutes ses formes est souhaitable. Cela peut parfois occasionner certaines tensions entre les participants responsables des créations lors d’une exposition. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui à l’Expo Visiophone. L’ambiance est très favorable et positive. On est vraiment dans le plaisir, dans l’échange et l’ouverture vers un nouveau public.

Comment définis-tu la clientèle, les visiteurs de l’expo d’aujourd’hui?

Ce sont des gens très réceptifs à l’art, super ouverts, intéressés, curieux, qui veulent connaître d’où tu viens, ton parcours. Ils sont très positifs, donnent des bonnes notes. Aujourd’hui, je n’ai reçu que de beaux messages.

Comment choisis-tu tes tableaux pour une exposition?

Je m’assure que les couleurs de l’ensemble s’harmonisent et que les styles se répondent bien. Habituellement, ça fait partie de séries que j’ai déjà travaillées dans les mêmes temps.

Il y a de moins en moins de différentes générations de tableaux. Avant j’insérais des portions de séries travaillées pour présenter un lot de plusieurs tableaux. J’harmonisais les couleurs parmi les tableaux choisis. Ça me permettait de présenter mes différents styles de peinture. Maintenant, j’essaie de garder une homogénéité dans la présentation.

On parle plus maintenant d’une maturité en tant qu’artiste, une assurance par rapport au travail présenté, en quelque sorte!

Lors d’une exposition, qu’est-ce qui dirige l’ordre de présentation de tes tableaux dans ton espace (de gauche à droite, de haut en bas)?

Le temps d’une fantaisie (figure 1.1) est la peinture qui a été mise de l’avant dans le cadre de l’Expo Visiophone. C’est pourquoi elle est positionnée au centre du kiosque. D’une certaine façon, c’est la pièce mère.

Cette création a été travaillée à partir des couleurs primaires, du ton chaud au ton froid. L’idée était de créer une synergie entre les trois tons de base. Ces contrastes colorés se fondent alors tout en créant une profondeur subtile dans le tableau et un tout dans l’image.

À mon avis, il est important que notre œil voyage quand on parle d’esthétique visuelle et qu’il y ait une clarté qui se construise, et qu’éventuellement, la lumière se ressente.

Je peins principalement avec mes mains… et je dandine lors de mise en forme. Le pinceau est de temps en temps utilisé, parfois des accessoires comme du carton pour faire mes lignes, des ficelles que je trempe dans la colle, ou du tape, lequel avec le temps, est devenu mon meilleur ami de création.

Je me donc suis basée sur cette philosophie esthétique pour équilibrer visuellement la disposition de mes autres tableaux dans mon espace d’exposition.

LE TEMPS DE LAISSER ALLER

En participant à une expo, il y a quand même le désir de vendre un tableau?

Oui, il y a bien entendu le souhait de vendre un tableau lors d’une exposition, même que c’est un objectif qui n’est pas nécessairement verbalisé. Vendre un tableau par jour serait l’idéal, indépendamment de ces événements. Selon moi, une exposition donne la possibilité au public de vivre un moment artistique unique avec l’artiste. Mes meilleures ventes sont généralement lorsque l’achat du tableau se fait à la suite d’un échange riche en communication avec le futur propriétaire dune création BolvariArt. Ce lien qui peut se construire entre le public et l’artiste m’enrichit toujours beaucoup et me met en confiance lorsque vient le temps de laisser partir la création réalisée.

De plus, le feedback reçu sur le travail que j’ai réalisé me remplit de nouvelles vibrations pour mes nouvelles créations. Lors d’une exposition, l’idéal serait d’avoir un partenaire d’affaires pour prendre en charge tout l’aspect vente. J’aurais donc le loisir de vivre mon art et de pouvoir échanger sur place avec les gens, sans avoir à me soucier de cette gestion. Je combine présentement ces deux aspects lorsque d’une exposition.

As-tu de la difficulté quand vient le temps de vendre un tableau?

Plus maintenant. J’ai déjà vécu un stade, au début de mon parcours artistique, qui me demandait plus de temps pour me détacher des oeuvres. Il me fallait une nuit à dormir avec ma création avant de pouvoir la laisser partir. J’étais très attachée à ces moments partagés avec les canevas. Chacune de mes pièces artistiques conçues à ce jour représente une partie de mon monde intérieur. Ces petits bouts de moi, je décide de les partager avec autrui, sous une forme visuelle. Mes tableaux racontent donc tous un bout de mon histoire et de mes apprentissages artistiques.

Il n’est pas nécessaire que cette histoire soit connue, car avant tout, je travaille beaucoup la lumière et les sens esthétiques. Avec un petit côté coloré et expressionniste! Ce qui a aussi favorisé mon détachement a été de constater que je continue de créer du nouveau et ai donc constamment des tableaux autour de moi.

En ce qui a trait à mes sculptures permanentes (figure 1.2), je sais que je peux les visiter quand j’en ai l’envie.

LE TEMPS D’EXPLORER

As-tu fait le tour de l’Expo?

Un peu, oui. J’ai pris une photo avec chaque artiste peintre. Dans les expositions visitées, j’ai souvent des coups de cœur et j’ai parfois le goût d’acheter des tableaux. J’aime beaucoup le travail des autres. De plus, j’ai énormément apprécié les performances de danse et les musiciens.

Tu as beaucoup voyagé, exposé outre-mer et même sous l’eau. Ce serait quoi le summum de l’exposition pour Gabi?

Je ne connais pas encore la réponse à cette question. Jusqu’à présent, toutes les expositions que j’ai vues ou auxquelles j’ai participé outre-mer étaient au-delà de ce que je pouvais souhaiter vivre comme expérience artistique. Je ne sais donc pas trop quoi répondre pour l”instant.

Curieusement, ça me fait réfléchir que la matérialité de l’art m’agace par moment. J’ai participé à l’expo Aquart (figure 1.3), dont l’invité spécial était Mario Cyr, un plongeur sous-marin sous glace, et chaque fois que nous nous croisons lors de ses conférences, ma conscience et ma sensibilité pour mon environnement, proche ou éloigné, augmente. Ce qui me pousse à me questionner sur mon approche artistique et notre consommation matérielle à long terme. Le land art serait probablement une belle approche pour de nouvelles créations BolvariArt.

Créer une matérialité du moment en sachant qu’il y aura un sens immatériel étant donné ce côté éphémère au travail global d’un land art. À suivre…

*Aquart est une exposition collective sous-marine.
Merci à
Patrick Larrivée, artiste, ami et directeur de l’Expo Visophone
François Fortin, animateur à CKOI et président d’honneur de l’Expo Visiophone
Mario Cyr, ami, plongeur et cinéaste des profondeurs océaniques – Aquart 2015
Charlène-Audrey Chouinard, directrice artistique de Aquart 2015
Julie Arbour, intervieweuse impromptue
ninjaimpromptue@gmail.com

Inspiré?

Visite de l’atelier des créations BolvariArt sur rendez-vous seulement.
Contacter Gabi à l’adresse bolvariart@gmail.com.

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